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sur lui. En même temps il lui semblait que les murs de la cellule se rétrécissaient et que l’air allait lui manquer. Il étouffait, ses oreilles tintaient, des chaleurs soudaines lui montaient aux tempes, suivies de sueurs froides et de frissons ; et, d’une voix rauque, il appelait Norine à son secours…

Au matin, quand l’un des gardiens entra dans sa cellule, il le trouva grelottant et en proie à un accès de fièvre. On manda le médecin de la prison, qui, après avoir examiné le détenu, constata une fluxion de poitrine.

Le fâcheux dénouement de l’aventure de Bigarreau n’avait pas laissé de préoccuper le garde général. Il se reprochait d’avoir été la cause involontaire de l’évasion du détenu ; il résolut d’aller intercéder pour lui et d’obtenir tout au moins qu’on lui fît grâce du cachot. Quand il arriva dans le cabinet du directeur, ce dernier lui apprit que le « drôle » était malade et qu’on l’avait transporté à l’infirmerie. Yvert insista pour le voir, et on le conduisit dans un bâtiment neuf, où l’on avait installé le service médical. Il trouva Bigarreau tout enfiévré sous la mince couverture du petit lit réglementaire. Il