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touchait la pierre du pied et il la soulevait déjà, quand, en relevant prudemment la tête ; il aperçut de l’autre côté de la Fontenelle, à mi-côte, la lointaine et immobile silhouette du Champenois. Il craignit d’être surpris au milieu de sa besogne, et, laissant retomber le large parpaing, il s’assit dessus, comme quelqu’un qui flâne, affecta de lancer des cailloux dans le courant, tailla un bâton dans une trochée de coudrier, puis s’éloigna d’un air indifférent.

Pendant un quart d’heure, la combe de la Fontenelle redevint solitaire. Le chevreuil que les deux jeunes gens avaient effarouché, put redescendre du couvert où il s’était remisé et venir boire à la source. Les tueries, les grives et les geais du voisinage en firent autant. À la place où Norine et Bigarreau s’étaient assis et où les plantes froissées gardaient l’empreinte de leurs corps, les serpolets et les marjolaines redressaient peu à peu leurs tiges couchées. Un moment la nature parut reprendre le train accoutumé de sa vie élémentaire, puis brusquement un fâcheux vint tout déranger de nouveau.

Le Champenois, qui était resté tapi dans