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le diriger dans son travail. Mais on eût dit que le Champenois était prévenu contre le nouvel hôte du chantier. Il cherchait constamment à le prendre en faute. Sachant fort bien que Bigarreau était encore novice au métier, il lui confiait néanmoins des besognes difficiles, et quand le malheureux avait gâté une bille de bois ou donné de travers un coup d’erminette, le Champenois appelait le père Vincart et lui démontrait, pièces en mains, que l’apprenti ne serait jamais qu’un maladroit.

Norine, de son côté, afin d’adoucir l’humeur du Champenois, avait pris sur elle de se montrer moins revêche, et de ne plus accueillir comme auparavant par de mordantes rebuffades les lourdes galanteries de celui qu’elle appelait le Louchard. Mais là encore le résultat ne fut pas à l’avantage de son protégé. Voyant qu’on ne le rabrouait plus comme autrefois, le Champenois attribua ce changement au prestige de sa mine et s’imagina que Norine commençait à s’apprivoiser. Il s’enhardit alors et ses obsessions devinrent insupportables. Norine ne pouvait plus rester seule avec lui sans être exposée à de brutales entreprises. À bout de patience, elle se