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entre ses cils son compagnon silencieux, les arbres immobiles et le ciel parmi les branches ; peu à peu ses paupières brunes s’abaissèrent tout à fait, ses cils se rejoignirent, ses lèvres s’appuyèrent l’une contre l’autre en faisant la moue, et elle s’endormit.

Bigarreau, toujours sur ses genoux, s’était rapproché de la dormeuse. Il avait enlevé sa veste et la posait avec précaution sur les pieds nus de Norine. Puis, ayant arraché une large feuille de fougère, il l’agitait comme un éventail pour empêcher les mouches de troubler le sommeil de la fillette.

Il avait fort à faire. Les mouches de rivière, rendues plus taquines par la chaleur, volaient tout alentour avec un monotone bourdonnement et s’obstinaient à se poser, tantôt sur les bras de la jeune fille, tantôt sur son cou, tantôt sur sa joue d’un brun rosé. — De temps à autre, l’apprenti s’interrompait pour contempler, comme en extase, Norine, vraiment charmante dans sa rustique beauté à demi formée. Les mouches dansantes semblaient s’arrêter à dessein sur les plus délicats contours de la dormeuse, comme pour accentuer encore les détails de ce joli corps