Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Champenois reviendra, vous serez toujours à temps pour renvoyer… Claude Pinson, si son travail ne vous convient pas.

Pendant ce colloque où l’on décidait de son sort, Bigarreau, assis derrière sa bouillée de saules, attendait, le cœur battant. Depuis bien longtemps, il n’avait été pénétré d’une émotion à la fois si poignante et si douce. La rencontre de Norine, la façon dont elle l’avait secouru, constituaient pour cet adolescent, jusqu’alors traité en paria, des événements tout à fait nouveaux et tenant presque du merveilleux. Il tremblait que cette chance inespérée ne s’envolât tout d’un coup, comme ces libellules bleues dont il voyait un moment les ailes frissonner au-dessus du ruisseau, puis qui disparaissaient pour ne plus revenir. Les minutes lui semblaient étrangement longues, et, bien qu’il attendît seulement depuis un quart d’heure, il commençait à se décourager.

— Allons, songeait-il, c’est qu’on ne veut pas de moi…

Au même instant, il entendit du côté du chantier un appel sonore retentir trois fois :

— Hou… oup ! hou… oup ! hou… oup !