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— Je vous conseille de vous plaindre : je m’occupais de vos affaires.

— Ouais ! De quelles affaires ?

— N’avez-vous point dit, l’autre soir, que vous seriez bien aise d’avoir un apprenti ?

— Le fait est que le Champenois me manque grandement et que j’aurais embauché volontiers quelqu’un pour nous donner un coup de main… Mais les apprentis ne poussent pas dans la forêt comme des champignons.

— J’en ai pourtant trouvé un à la Fontenelle, et je l’ai embauché.

— Hein ! s’écria le sabotier, interloqué, il me semble que vous allez vite en besogne, ma mie ; il ne s’agit pas de prendre le premier venu.

— Ce n’est pas le premier venu, riposta vertement la fillette ; c’est un gachenet solide et qui abattra de l’ouvrage.

— Et d’où sort-il, ce gachenet ?

Norine baissa la tête un moment ; puis, la redressant avec aplomb :

— C’est un garçon, reprit-elle, qui était en service chez des vanniers ; ils le rouaient de coups, et il les a plantés là… Je l’ai rencontré