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— Vous seriez bien caché ici… C’est grande aventure quand on y rencontre d’autres gens que les bûcherons du val Val-Serveux, sauf en automne, lorsque la chasse est ouverte, et alors nous aurons quitté la place… Pour sûr, les gendarmes ne viendraient pas vous y chercher.

— Oui, mais votre père voudra-t-il prendre avec lui un échappé de prison ?

— Ceci me regarde ! répliqua Norine d’un ton décidé et avec un petit air d’importance très drôle… Venez avec moi.

Elle lui prit la main, et ils côtoyèrent ensemble le bord du ruisseau jusqu’à un tournant d’où on apercevait la coupe de bois et le campement des sabotiers.

Là, Norine fit asseoir son protégé derrière une bouillée de saules et lui enjoignit de rester coi jusqu’au moment où elle jugerait à propos de l’appeler.

— Je vais parler au père Vincart, dit-elle, ne bougez pas… Quand vous m’entendrez hucher trois fois en imitant le cri du coucou, c’est que l’affaire sera arrangée. Alors vous n’aurez qu’à monter dans la coupe, et j’irai au-devant de vous.