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jupons. L’impatience le prit et il repartit, agacé :

— Ma foi, je ne m’en souviens plus.

Une moue soupçonneuse plissa les lèvres de Norine. — Vous avez la mémoire courte ! murmura-t-elle sèchement.

Elle fronça les sourcils, leva un doigt en l’air, et, regardant le malheureux Bigarreau droit dans les yeux : — Tenez, vous me contez des menteries !… J’ai en idée que vous sortez de la prison d’Auberive, d’où vous vous êtes sauvé en prenant votre congé sous la semelle de vos souliers…

En même temps, elle s’était levée avec précipitation et avait reculé de trois ou quatre pas, tandis que Bigarreau, déconcerté, se mettait lui-même sur ses pieds.

— Oh ! continua-t-elle en toisant intrépidement le détenu qui avait repris son air farouche, ne me regardez pas comme si vous vouliez m’avaler !… Vous ne me faites pas peur et je n’ai qu’à crier pour appeler nos gens.

— Ne criez pas ! supplia Bigarreau d’une voix sourde, j’aime mieux vous dire toute la vérité… Oui, je me suis sauvé de la prison, mais vous n’avez pas besoin de prendre peur…