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et il était plus impitoyable que les gardiens. Bigarreau connaissait par expérience la façon dont ce terrible chef de service punissait les moindres infractions à la discipline…

— Non, songeait-il en se recroquevillant dans son hamac, j’en ai assez et je n’attendrai pas son retour !

Des idées d’évasion lui bourdonnaient de nouveau dans la tête. Le dortoir improvisé pour les détenus était mal clos ; les gardiens avaient le sommeil dur ; vers la mi-nuit, on pouvait peut-être s’échapper, escalader un mur et gagner les bois ?… Dans tous les cas, c’était une aventure à tenter… — La nuit était tout à fait venue ; il entendit l’un des gardiens faire sa ronde, puis se déshabiller et se jeter lourdement sur sa couchette. Bientôt des ronflements emplirent la sonorité du dortoir. — Agile comme un chat, Bigarreau quitta son hamac, enfila son pantalon et sa veste et suspendit à son cou ses sabots rattachés par une ficelle ; puis, pieds nus, retenant son souffle, il se glissa jusqu’à une croisée qu’on avait laissée ouverte pour aérer la salle, située au premier étage. Une fois grimpé sur la console de la fenêtre, le gamin pencha sa tête au dehors.