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tude il dînait solitairement et maussadement, je suis libre, mais…

Il hésitait encore, tout en regardant les yeux rieurs et printaniers de Claudette ; puis, tout à coup, il s’écria avec une rondeur dont il n’était pas coutumier :

— Eh bien ! j’accepte sans façon et avec plaisir !

— À la bonne heure ! fit la vieille dame toute ragaillardie… Claudette, qu’est-ce que je te disais ?… Mets vivement le couvert, puis tu iras chercher du vin, tandis que je retournerai à mon tôt-fait

Claudette, vive comme un lézard, avait ouvert la grande armoire. Elle en tira une nappe à liteaux rouges, puis des serviettes. En un clin d’œil la table fut dressée. La jeune fille alluma un bougeoir et descendit, tandis que la veuve, assise avec des châtaignes dans son giron, les fendait lentement et les étalait sur le marbre du poêle.

— N’est-ce pas que la petite est preste et gaie ? disait-elle au sous-directeur… C’est ma consolation… Elle réjouit ma vieillesse comme une fauvette sur un vieux toit… — Et elle re-