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l’observait à la dérobée, crut voir passer une lueur gourmande dans ses yeux bruns.

Tandis qu’il souriait, pensif, au souvenir de ce mets du pays, la grand’mère et Claudette s’étaient retirées un peu à l’écart et paraissaient discuter avec vivacité une grave question.

— Non, grand’mère, chuchotait la jeune fille, ce serait indiscret.

— Pourquoi donc ? murmura la veuve, je suis sûre que cela lui ferait plaisir.

Et comme il les regardait, intrigué, la grand’mère revint vers lui :

— Monsieur, commença-t-elle, vous avez déjà été bien bon pour nous et si ce n’était pas abuser, j’aurais encore une faveur à vous demander… Il est tard et vous avez un bon bout de chemin à faire pour aller retrouver votre dîner… Vous nous rendriez bien heureuses si vous vouliez goûter de notre tôt-fait… N’est-ce pas, Claudette !

— Oui, grand’mère, seulement monsieur dînera mal, et d’ailleurs il est sans doute attendu chez lui.

— Non, personne ne m’attend, répondit Boinville en songeant au restaurant où d’habi-