Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le garçon de bureau se redresse dans son habit à boutons de métal, disparaît, puis, au bout d’un instant, introduit la solliciteuse qui, dès le seuil, ébauche une antique révérence.

Hubert Boinville se soulève à demi et d’un signe froidement poli indique à la visiteuse un fauteuil où elle s’assied après avoir renouvelé sa révérence.

C’est une petite vieille aux pauvres vêtements noirs. La robe de mérinos a plus d’une reprise ; elle est fripée et d’un ton verdâtre. Un voile de crêpe défraîchi, qui a déjà dû servir pour plus d’un deuil, pend misérablement de chaque côté du chapeau démodé et laisse voir, sous un tour de faux cheveux châtains, une figure rondelette, toute ridée, avec de petits yeux vifs et une petite bouche dont les lèvres rentrées trahissent l’absence des dents.

— Monsieur, commence-t-elle d’une voix un peu essoufflée, je suis fille, veuve et sœur d’employés qui ont fourni de bons et loyaux services, et j’ai adressé une demande de secours à la Direction générale… Je désirerais savoir si je puis espérer quelque chose.

Le sous-directeur a écouté ce début sans sour-