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sons du Mont-Valérien ; puis je sentis que je me troublais, je voulus me redonner de l’assurance, et ne trouvai rien de mieux que d’ajouter d’un ton pédant et avec affectation : — Primula auricula

Notre voisine se retourna tout d’une pièce, me dévisagea, et pointant vers moi un doigt accusateur : — C’est toi qui m’as pris les Lettres Persanes ! affirma-t-elle d’un air menaçant.

J’avais un pied de rouge sur la figure. — Moi, mademoiselle ?… essayai-je de me récrier, en payant d’effronterie et en jouant l’étonnement.

— C’est toi !… ne le nie pas… Ton nez tourne !

Je baissai la tête d’une façon piteuse. Je me voyais déjà dénoncé et chassé honteusement par mademoiselle Sophie. Sans relever les yeux, je murmurai :

— Oui, mademoiselle ; — mais d’un ton si bas, si bas, que les fleurs seules devaient entendre l’aveu de mon crime.

Mademoiselle Sophie l’entendit pourtant, et, de sa même voix rude : — Va chercher le livre, poursuivit-elle, et rapporte-le-moi dans ma chambre.