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vères, — jadis très à la mode, mais qu’on ne cultive plus guère aujourd’hui.

À part l’ex libris et ce nom de fleur, l’in-32 dont je m’étais indiscrètement emparé ne m’apprenait donc rien de nouveau. Je restais dans la situation de quelqu’un qui a lu un commencement de roman dans un volume dépareillé, et qui ne peut plus retrouver la suite. Je n’osais même plus rôder autour de l’armoire, afin de profiter d’une seconde distraction de la voisine pour continuer mes investigations. Mademoiselle Sophie s’était sans doute aperçue de la disparition du volume des Lettres Persanes, car maintenant elle montait la garde au seuil du grenier, comme le dragon fabuleux du jardin des Hespérides. Elle était devenue préoccupée, inquiète et défiante, et, ne me sentant pas la conscience nette, je n’insistais plus pour grimper au grenier, de peur que la vieille fille, dont les soupçons flottaient encore en l’air, ne finît par lire dans mon jeu et découvrir mon larcin.