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ma chérie, le livre que nous y lisions ensemble, ainsi qu’une fleur que vous y aviez cueillie pour moi, et où je mets mon dernier baiser. Adieu, encore une fois, ma mie et mon trésor, je mourrai avec votre nom sur mes lèvres.

« Votre fidèle et malheureux ami,

« Joseph Guiod.

« Ce 9 Juin 1793. »



Au moment où j’achevais la lecture de cette lettre si touchante, à travers la phraséologie sentimentale qui était fort en usage à la fin du siècle dernier, j’entendis du bruit dans l’escalier. Je n’eus que le temps de replacer la faveur bleue autour des papiers, et de refermer le coffret ainsi que l’armoire, après avoir empoché au préalable le volume in-32 ; puis je m’esquivai comme un voleur, ayant le cœur tout tremblant du méfait que je venais de commettre, et la tête toute pleine de ce que j’avais lu.

Une fois dehors, je réfléchis longuement à la découverte que j’avais faite. La voisine ne