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matiques, dont le parfum tenace aiguisait encore ma curiosité. J’avais eu un moment l’idée de faire appel à la bienveillance de mademoiselle Sophie, mais, après réflexion, je me dis qu’au cas probable d’un refus, ma demande indiscrète aurait pour unique résultat de me faire interdire l’entrée du grenier.

Je résolus donc de me taire et d’attendre qu’un hasard heureux vint à mon aide.

Tout arrive : il semble même que les choses qu’on désire ardemment arrivent avec plus de docilité, comme si elles obéissaient mystérieusement à une magnétique influence de la volonté humaine. Il advint qu’un beau dimanche, où, tapi dans un coin du grenier, je lisais sans être vu un volume de Gil Blas, mademoiselle Sophie qui était en train de ranger son armoire, fut rappelée en bas par une visite, et, dans sa précipitation, oublia la clé sur la serrure. J’avais entendu les battants tourner sur leurs gonds ; la vieille fille une fois descendue, j’aperçus l’anneau brillant de la clé qui scintillait dans un rayon de soleil. Incontinent, je plantai là Gil Blas et me précipitai vers l’encoignure où j’avais tant de fois rôdé infructueusement. Enfin ! j’allais