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tail dont elle se servait comme d’un parasol. — Marie-Ange, cachée derrière les noisetiers, les épia sans se montrer. Ils traversèrent le verger, parlant à haute voix, puis s’enfoncèrent sous la châtaigneraie. Il sembla même à la servante que Pascaline prononçait son nom entre deux éclats de rire. Alors elle n’y tint plus, la rage la prit, et défaisant ses souliers, marchant avec précaution, sans bruit, comme un chat, elle se glissa derrière eux, sous les branches.

Quand elle les rejoignit, ils avaient atteint les roches qui bordaient la rive de l’étang. La voix mordante de Pascaline arrivait très distinctement jusqu’à elle. Ils s’étaient assis sur une haute pierre surplombante, et Jean très échauffé essayait d’enlacer la taille de la comédienne. Celle-ci le calmait en lui donnant sur les doigts de petits coups d’éventail.

« Mon cher ami, s’écriait-elle, vous êtes comme tous les poètes, vous ne pensez pas le quart de ce que vous dites en beaux vers.

« Pascaline, je vous jure que je n’ai jamais aimé que vous !… Oui, depuis le jour où je vous ai vue pour la première fois aux répétitions, dans votre robe de velours gris…