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quand elle leur annoncerait son mariage sur du papier anglais à son chiffre, portant comme exergue : « Château de Morgrève » gravé en lettres gothiques. — Pour cela, il n’y avait qu’à allumer suffisamment Trémereuc pour qu’il ne crût pas payer trop cher son bonheur, en le régularisant par-devant le maire et le curé de Saint-Briac.

Pascaline avait trop l’habitude des planches pour ne pas savoir comme il faut manœuvrer en pareil cas. D’abord, il lui avait semblé original de faire une fugue avec le poète et de se payer trois ou quatre bonnes journées d’amour en pleine sauvagerie bretonne ; mais la réflexion était venue à l’aspect du plantureux domaine de Morgrève, et la comédienne s’était dit qu’au lieu de satisfaire bêtement un caprice, il y avait plus gros à gagner en tenant la dragée haute à Jean Trémereuc et en le rendant sérieusement amoureux.

Il faut convenir du reste qu’elle travaillait merveilleusement à exécuter son plan. Elle y employait le vert et le sec : toilettes savamment voluptueuses, œillades attirantes, sourires ensorcelants, serrements de mains machiavéliquement