Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devant une table gaîment éclairée, où on leur avait servi du poisson, une volaille et du champagne.

Naturellement Paris et le théâtre firent les frais de la conversation. Tout en épluchant des crevettes, Pascaline mit Trémereuc au courant de ce qui s’était passé depuis qu’il avait quitté la grand’ville. Elle lui conta le mariage de celui-ci, la toquade de celle-là pour un chanteur de café-concert… La petite Colette, qui jouait si bien les ingénues, était morte en couches, la grande Éva avait épousé un sous-préfet, le drame de X… avait fait un four… Tous les potins des coulisses se succédèrent comme les grains d’un chapelet et Jean y prit un intérêt très vif. Il était heureux d’entendre reparler une langue qu’il avait quasi oubliée ; il lui semblait que, par la fenêtre ouverte, le joyeux bourdonnement de Paris arrivait jusqu’à lui. Par échappées, Pascaline lui contait un peu aussi son histoire. — Elle avait abandonné l’Odéon pour jouer dans un théâtre de genre du boulevard, mais elle en avait déjà assez et tout était rompu. — Ce qu’elle ne disait pas, c’est qu’un moment elle avait espéré épouser un des principaux acteurs de ce théâtre ; il