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« On ne fait pas ce que l’on veut, » murmura-t-elle, « et quand on est pauvre, on prend ce que le bon Dieu vous donne.

— Il vous a donné de beaux yeux repartit galamment Trémereuc, et c’est déjà un joli cadeau. »

Elle sourit d’un air qui signifiait : — Ça, il y a longtemps que je le sais ! — et, pour remercier Jean de son compliment, ses yeux bleus lui coulèrent leur plus appétissant regard.

Une fois la conversation sur ce terrain, dans ce chemin vert et touffu, entre une fille de dix-huit ans qui était coquette, et un garçon de vingt-six ans qui avait le tempérament amoureux, les choses allèrent bon train. À un certain endroit, il fallut sauter un fossé et franchir un échalier, et tout naturellement il se trouva que Jean souleva Marie-Ange Jutel en lui enlaçant la taille, puis avant de la déposer de l’autre côté du talus, lui appliqua sur le cou deux baisers qu’elle reçut sans trop se fâcher.

Ils cheminèrent ensuite silencieusement, un peu étonnés et embarrassés eux-mêmes de la tournure qu’avait prise rapidement leur entretien ; mais au moment où on apercevait les tou-