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dienne noué en mentonnière, et malgré le négligé de son accoutrement de pêcheuse, elle offrait un des plus jolis types de ce pays de Saint-Briac, où les femmes sont renommées pour leur beauté. — Sa jupe rose, retroussée jusqu’aux genoux, découvrait une paire de jambes nues aux chevilles fines, aux mollets fermes et bruns ; son buste rond et souple se montrait en toute liberté sous le casaquin bleu largement ouvert, et de la chemise mal nouée jaillissait un cou frais, supportant une tête à l’ovale allongé, au teint rosé sous le hâle, aux cheveux noirs frisottants, où de grands yeux bleus et un bouche aux lèvres charnues, souriaient de la plus affriolante façon.

« Voulez-vous me vendre vos lançons, mon enfant ? » demanda Jean émerveillé, uniquement pour entrer en propos.

La jeune fille, qui ne paraissait nullement farouche, s’arrêta, dévisagea son interlocuteur, auquel elle trouva bonne mine, puis avec un sourire enjôleur qui découvrait d’éblouissantes dents blanches et mouillées :

« Excusez, dit-elle, ils ne sont pas à vendre… Je les porte à la cuisinière de Morgrève, qui les a retenus pour son maître.