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famille quitta le pays et je n’y revins qu’au bout d’une quinzaine d’années…

J’y retrouvai don Palomino Palacios logeant toujours chez nos anciennes voisines et disant fidèlement, chaque matin, sa messe à la paroisse Notre-Dame. Seulement, il mêlait le profane au sacré ; — pour occuper ses loisirs et grossir son casuel, le vieux guerillero vendait du chocolat de Bayonne aux dévotes du quartier. — Quant à don Ramon, six mois après son arrivée à Villotte, il était mort d’une maladie de poitrine à l’hôpital. En me promenant au cimetière, je découvris sa tombe à demi enfouie sous des touffes d’armoise. Son nom seul était inscrit sur la pierre, et, en guise d’épitaphe, don Palomino avait fait graver les quatre vers de la vieille petenera andalouse :


Una mujé fué la causa
De mi perdision primera ;
No hay perdision en er mundo
Que per mujeres no benga.