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joueur de guitare que j’avais connu rue Amor de Dios et qui avait suivi les danseurs à Grenade. Je n’eus pas besoin de le questionner longtemps pour être fixé sur mon sort. La Pamplina était restée là-bas et elle m’avait oublié… Accusée de complicité dans le meurtre de Paco, elle avait eu recours à la protection d’un aide-de-camp du capitaine-général, et celui-ci l’ayant tirée d’affaire, elle était devenue sa maîtresse. — Que voulez-vous, señor caballero ? me dit le guitariste avec un sourire ; l’officier était beau garçon et il lui avait rendu service. La Pamplina n’est pas fille à marchander sa reconnaissance, et elle lui aura donné bonne mesure !…

C’était le coup de grâce ! La femme à qui j’avais tout sacrifié me trahissait, j’avais la mort d’un homme sur la conscience, mon avenir était brisé, et je me faisais honte à moi-même. Je résolus d’en finir au plus vite avec ma misérable existence ; je quittai Séville et je m’enrôlai dans une des bandes carlistes qui se formaient dans la Sierra-Morena. À cette époque, Cabrera guerroyait dans la province de Valence, nous allâmes le rejoindre et je pris part, sous ses ordres, à la campagne de l’Èbre. Je me battais en désespéré,