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cet équipage, je repris le chemin de l’Andalousie, voyageant la nuit et me cachant le jour au fond d’obscurs villages. Après une semaine de fatigues, je vis enfin surgir à l’horizon la tour de la Giralda. Je m’arrêtai au faubourg de Triana et me logeai dans la venta où la Pamplina m’avait promis de venir me rejoindre.

Le même soir, à la nuit, enveloppé dans ma cape, je courus calte Dados, et je rôdai autour de la maison de Josefa Gutierrez. J’en vis sortir la señora, accompagnée d’un de mes anciens commensaux ; elle allait se promener sans doute aux Délicias, et, comme d’habitude, Manuelita gardait la maison. Dès qu’ils furent loin, je frappai à la grille du patio. Manuelita apparut et devint très pâle en me reconnaissant.

— Don Ramon ! s’écria-t-elle, vous nous revenez, Dieu soit loué !… Vous trouverez votre chambre en ordre comme au jour où vous êtes parti… Je vais vous y installer.

— Non, Manuelita, répondis-je tristement, je ne suis plus digne de vivre avec d’honnêtes gens et je ne resterai ici que quelques instants… Êtes-vous seule à la maison ?

— Bon Dieu ! qu’y a-t-il ?