Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Sauve-toi par là ! murmura-t-elle.

— Et toi ? lui dis-je en lui prenant les mains.

— L’ouverture est trop petite, mes jupes n’y passeraient pas… Ne t’inquiète pas de moi, je saurai toujours me tirer d’affaire… Gagne la campagne et va m’attendre à Séville, faubourg de Triana, chez Juan le Colorao.

— Je ne pars qu’avec toi ! répliquai-je, décidé à ne pas l’abandonner.

— Ne fais pas l’enfant, je ne crains rien, moi, tandis que, si on te trouve, c’est la prison pour toi et peut-être pis. Nous nous reverrons à Triana.

Elle me donna un dernier baiser et me poussa vers la lucarne. Déjà des rumeurs et des pas lourds retentissaient à la porte d’entrée… Elle m’aida à franchir l’étroite ouverture.

— Cours à toutes jambes, me cria-t-elle quand je fus dehors… Adios !

Je retombai sur la terre humide et m’enfuis par les rues de l’Antequerrula jusque dans la campagne. Au lever du soleil, j’étais loin de Grenade. J’avais eu heureusement la précaution de porter mon argent sur mai. À Atarfé, j’achetai à un gitano une mule pelée, et dans