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serra tendrement contre sa poitrine, et, m’entraînant dans une contre-allée obscure

— Ah ! murmura-t-elle, niño de mon cœur, il me semble qu’il y a des années que je ne t’ai vu !… Ce misérable Paco est à Grenade, et il est venu me trouver pour me proposer ce qu’il n’a pas honte d’appeler une bonne affaire… Je l’ai reçu comme un chien ; il s’en est allé furieux… Je sais qu’il me fait espionner par des gitanos de l’Albaycin… Aussi, pauvre santito, il faudra patienter et redoubler de sagesse… Voilà ce que je voulais te dire ce soir en t’embrassant, et maintenant, adios !… Ne te désole pas cependant ; j’espère avant peu trouver une maison sûre où nous pourrons nous voir plus longuement.

En effet, quelques jours après cette courte entrevue, la même fillette vint me prévenir que la Pamplina se rendrait, après la représentation, dans une certaine maison de la côte de Peña partida, où la petite commissionnaire devait me conduire.

Il était dix heures de la nuit quand je quittai mon logis, escorté par cette enfant. La Peña partida longe la lisière de la futaie de l’Alhambra, en face de la tour des Siete-Suelos. La nuit