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cheminaient d’un pas allègre, les uns arrachant des feuilles aux arbustes d’un talus, d’autres fumant des cigarettes ; leurs jeunes visages aux yeux purs, aux lèvres rieuses, avaient une expression de sérénité, d’innocence et d’enjouement qui me faisait envie. Je suivis longtemps leurs silhouettes noires et rouges se découpant sur la fraîche verdure des massifs. Il me semblait que c’était ma jeunesse qui passait, qui fuyait pour toujours dans le lointain vaporeux de la futaie, et un cruel remords me rongeait le cœur, tandis que, la tête basse, je comparais le pécheur que j’étais aujourd’hui avec le candide et pieux adolescent que j’avais été jadis au séminaire…

Le soir même, en rentrant chez moi, je trouvai une petite fille qui m’apportait un bouquet d’œillets de la part de la Pamplina et qui me transmit en même temps un message de la danseuse :

— La señorita, me dit l’enfant, vous attendra après l’Angelus à la Promenade d’été, au bord du Genil.

J’y allai à l’heure indiquée, et j’aperçus, en effet, la Pamplina. Elle me saisit la main, la