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là-bas, à Séville. — Je t’adore, va, et je te jure de n’être plus désormais qu’à toi !… Quant à cet homme, je le hais, et, un jour ou l’autre, je me vengerai de lui à ma façon !…

En même temps elle me prenait les mains et les couvrait de baisers, puis elle remonta dans la galera. Un quart d’heure après, nous entrions à Grenade, et laissant la voiture des bailadores prendre de l’avance, je me rendis solitairement et très tristement à la casa de huespedes de la Puerta-Real.

Pendant les premiers temps de mon installation, la Pamplina ne me donna pas signe de vie. Je restai livré à moi-même et à mes tristes réflexions. — Oisif et seul dans cette ville où je ne connaissais personne, je me trouvais complètement perdu ; condamné à mener une vie de déclassé, je me sentais désormais à la merci d’inquiétants et ténébreux hasards. Ce n’était pas qu’au point de vue matériel j’eusse rien à redouter pour le moment ; avant de quitter Séville, je m’étais procuré une somme assez ronde, et, avec mes goûts modestes, j’étais sûr de vivre longtemps à l’abri du besoin. Mais l’incertitude de l’avenir et les navrantes confidences de la