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à peu, et à travers de brûlantes protestations d’amour, elle me révéla, avec des larmes de honte et de rage, toute l’ignominie de sa situation matrimoniale. — Son père, qui dirigeait une escuela de bailes (salle de danse), l’avait mariée à seize ans à ce Sébastien Paco, qui était mayoral et conduisait une galera, faisant le service entre Malaga et Grenade. Dès la première année de son mariage, Paco avait exploité la beauté de sa femme en la vendant à un riche Anglais qui visitait l’Alhambra. Depuis lors, il continuait ce métier lucratif, fermant les yeux sur les infidélités de la Pamplina, pourvu qu’elles lui rapportassent de l’argent ; mais il était intraitable quand il s’apercevait que son honneur conjugal était compromis en pure perte.

— Il ne vit pas avec moi, ajouta Pastora, mais quand je suis à Grenade, il me fait espionner par des gens à lui, et s’il venait à apprendre que je t’aime, mon pauvre santito, il serait homme à t’attirer dans quelque guet-apens. Soyons donc prudents, et en public n’aie pas l’air de me connaître… Cela ne m’empêchera pas de te bien aimer, niño de mon cœur ! Je suis folle de toi et je serais morte si tu étais resté