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tacher en amphithéâtre sur la verdure des plantations de mûriers. La Pamplina et moi, nous étions restés au bord du Genil, non loin d’un moulin en ruine, et là, assis sur une herbe drue, à l’ombre des trembles et des peupliers qui foisonnent le long de la rivière, nous savourions le bonheur de nous retrouver en tête-à-tête, enfouis dans cette jeune feuillée, à deux pas de cette eau claire qui gazouillait en sautant sur les cailloux. Pastora, vautrée dans l’herbe comme un chevreau, semblait grisée par toutes les sèves printanières dont elle aspirait à pleines narines les émanations aromatiques. Elle chantait comme une alouette, cueillant des fleurs à brassées ; puis, accourant vers moi, elle m’en répandait des jonchées sur la figure, et, se jetant à mon cou, elle m’embrassait furieusement.

— N’est-ce pas que c’est bon, santito ? murmurait-elle ; nous nous aimerons toujours bien, n’est-ce pas, quoi qu’il, arrive ?

— Oui, toujours !

Et les baisers pleuvaient plus nombreux encore.

Hélas ! ce fut notre dernière heure de volupté sans mélange.