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souffrir tous les châtiments, et ma douleur est continuellement devant mes yeux. »

— Eh quoi ! s’écria la Pamplina en me regardant fixement, tu ne réponds rien ?

— Ma pauvre enfant, murmurai-je d’une voix étranglée… j’ai le cœur brisé… Nous étions trop heureux dans notre péché, et le ciel veut nous punir en nous arrachant l’un à l’autre…

Amen ! s’écria-t-elle en bondissant sur ses pieds, c’est bien !… Je feignais d’être calme pour connaître ce qu’il y a au fond de ton cœur… Je vois que tu ne m’aimes pas et que tu te consoleras facilement de mon départ !

— Je vous aime éperdument, passionnément, Pastora, et quand vous serez loin de moi, Dieu seul, qui me frappe, saura combien je souffrirai… Vous aurez eu tout mon amour, et, vous partie, aucune créature terrestre ne sera plus rien pour moi… Je ne songerai plus qu’à prier Dieu pour nous deux et à me vouer entièrement à lui…

— En vérité ! interrompit-elle en croisant les bras, prier Dieu et te vouer à lui, n’est-ce pas ? sans plus te soucier de moi que d’une guitare fêlée !… C’est parfait !… Pourquoi donc alors m’as-tu dis que tu m’aimais plus que tout au