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de la porte de l’habilloir, sous la tribune. Elle m’aperçut et me fit un signe de tête amical ; puis lorsque ce fut son tour de danser, elle me lança de nouveau un regard et je vis qu’elle s’arrangeait pour ramener son danseur presque toujours vers le coin sombre où j’étais tapi, de sorte qu’elle n’avait l’air de danser que pour moi. Cette préférence pour la partie la moins éclairée de la salle occasionna des murmures à l’autre extrémité et parut contrarier le grand garçon au costume andalous qui lui servait de partenaire. Il en témoigna de l’humeur et ils échangèrent à voix basse quelques paroles peu aimables ; dès qu’ils eurent terminé la malagueña, elle lui tourna le dos, disparut sous la portière et ne revint plus. Inquiet, je gagnai la rue, où, caché dans l’encoignure d’une porte, j’attendis impatiemment la sortie de la Pamplina. Je la vis enfin paraître, enveloppée dans un châle blanchâtre et filant rapidement dans l’ombre, avec ce petit piaffement qui lui était familier. Je la suivais, le cœur palpitant, mais à une faible distance, et je n’osais la rejoindre, pressentant qu’elle s’en allait fâchée, après avoir eu une altercation avec son impresario.