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pétulance endiablée vers le Bain de la Sultane, qui est à gauche des quinconces où nous étions assis. Debout contre la niche d’où jaillissait l’eau fraîche, elle fit une coupe de ses deux mains jointes, et me les tendit ruisselantes : — Buvez ! dit-elle avec son ensorcelant sourire.

Je me précipitai sur les deux mains que j’avais prises dans les miennes, j’y bus quelques gouttes d’eau, mais surtout je les couvris de baisers.

— Assez ! assez ! cria-t-elle en secouant ses doigts, ou le remède serait pire que le mal.

Elle était charmante ainsi avec ses bras mouillés qui scintillaient en plein soleil, et ses yeux où le rejaillissement du jet d’eau avait mis de petites perles tremblantes jusqu’au fin bout des cils.

— Adios ! reprit-elle, voici l’heure où je dois rentrer… Inutile de me suivre… Demain je danserai au Salon philharmonique ; j’espère que vous viendrez m’y voir.

Elle rassembla les plis de sa jupe de toile bleue, sauta dans l’allée et disparut derrière les massifs de rosiers…

Je retournai le lendemain rue Amor de Dios, seul cette fois, et je me blottis de nouveau près