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Les processions des cófradias avaient beau lutter de magnificence, la pompe des pasos avec leurs chapes brodées et leur orfèvrerie étincelante me laissait indifférent. Je m’obstinais toujours à chercher la Pamplina dans les remous de la foule. Mes yeux fureteurs se fatiguaient à vouloir la découvrir dans chacune de ces cent fenêtres béantes où les toilettes lilas, bleues, rose tendre des femmes tranchaient sur la blancheur des façades et les galeries vertes des balcons ; ils la cherchaient jusqu’aux faîtes des maisons, le long des terrasses aériennes où il y avait un fourmillement de silhouettes curieuses se découpant sur le bleu du ciel, et un palpitement d’éventails agités, reluisant au soleil couchant. Le crépuscule descendait peu à peu, éteignant toutes les couleurs, mais ne ralentissant ni mon désir ni l’ardeur de mes poursuites, et je continuais mes investigations, plongeant de plus belle, sans me lasser, au plus épais de la foule.

Le soir du vendredi saint, j’errais dans la calle Sierpes, dont les boutiques étaient closes, mais dont l’animation n’avait jamais été si tumultueuse. Les cris des marchands de pattes de crabes et de gâteaux à la cannelle, les voix qué-