Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans un angle, au-dessus des toits, la tour de la Giralda, baignée d’une gaie lumière rose, montait haut dans l’azur et contemplait la ville en fête. Et moi, mêlé à la foule, j’allais et venais, croyant à tout instant distinguer au milieu d’un groupe la taille cambrée et la tête fine de la Pamplina. Par intervalles, les fanfares d’une musique retentissaient au-dessus des rumeurs populaires, les alguazils faisaient évacuer l’espace compris entre les chaises et les tribunes, et une procession s’avançait avec ses files de pénitents blancs, violets ou noirs ; ses confrères, habillés en Romains, balançant leurs casques à plumes au rythme de la musique militaire ; son lourd paso étoilé de cierges, au milieu desquels se dressaient les statues du Christ et de la Vierge, tout reluisants de broderies et de bijoux. Le paso, supporté par une vingtaine d’hommes de peine dissimulés sous les draperies rouges, stationnait un moment devant la tribune du capitaine-général, puis lentement, aux sons des fanfares, le cortège se remettait en route par la rue de Genova, et la foule grouillante recommençait à rouler ses flots bruyants entre les chaises et les tribunes.