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pasos[1] s’arrêtaient tous en se rendant à la cathédrale, et où, de trois à six heures, la foule s’amassait devant le palais de l’ayuntamiento. J’espérais toujours que Pastora Florès viendrait là, attirée par la curiosité, comme les autres.

Le printemps était dans sa prime fleur et jamais le ciel ne m’avait paru si soyeusement bleu. Dans le carré formé par le palais de l’ayuntamiento, de l’Audiencia et les maisons, toutes les fenêtres étaient garnies de curieux. De triples rangs de chaises et de tribunes, occupés par les belles dames de Séville en toilettes noires, fleuries de roses et d’œillets, s’alignaient devant la façade du palais, laissant au milieu un espace vide où circulait la foule bariolée des promeneurs : cigarières drapées dans leur châle avec une rose piquée dans leurs cheveux brillants, toréadors en vestes de velours et chemises brodées, paysans des environs, la ceinture rouge aux reins et la veste sur l’épaule ; tout cela grouillait et bourdonnait, et sur cette basse bourdonnante se détachait le cri aigu des aguadores : Qui quiere agua ?

  1. Chars supportant des groupes de statues qui représentent des scènes de la Passion.