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sur les bancs : les unes en costumes de danseuses d’opéra, les autres portant la toilette des ouvrières de Séville, toutes en agitant au bout de leurs doigts les castagnettes cliquetantes.

Les danseuses, en jupes courtes, exécutèrent d’abord le fandango et la cachucha avec accompagnement de guitares et de castagnettes, et je me sentis assez vite ennuyé par cette exhibition de jambes pirouettantes, de bras nus s’arrondissant mécaniquement autour de têtes plâtrées, grimaçant des sourires de convention. Ce spectacle, beaucoup trop prolongé, me laissait froid, et je méditais déjà de m’esquiver quand une salve d’applaudissements salua l’apparition de l’une des étoiles du baile. C’était une jolie fille, aux yeux brillants, à la figure un peu massive, habillée comme les bohémiennes du faubourg de Triana, d’une robe assez courte d’étoffe voyante, du petit tablier d’indienne et du fichu de Manille, avec un parterre de géraniums rouges dans ses cheveux noirs luisants. Les guitares se mirent à résonner, tandis que les danseuses, restées assises, frappaient en cadence dans leurs mains.

— C’est Soledad Vargas, la Chata, me dit mon compagnon.