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je revenais de l’université avec l’étudiant qui était mon commensal ; au coin de la rue de la Cuna, près de l’église del Salvador, mes yeux furent arrêtés par une grande affiche rouge en tête de laquelle s’étalaient en gros caractères : Cantes y Bailes andaluces[1], et où on annonçait que le soir même, rue Amor-de-Dios, au Salon philharmoniqae, aurait lieu, pour l’inauguration de la saison, les débuts des fameuses chanteuses et danseuses Soledad Vargas, dite la Chata de Jerez, et Pastora Florès, dite la Pamplina. Mon compagnon me vanta avec beaucoup d’éloquence les talents de Soledad Vargas, qu’il avait vue à Cadix, et qui, disait-il, n’avait pas sa pareille pour danser le jaleo et le zorongo. Il m’engagea même à assister à la représentation du soir, et, comme je me contentais de hausser les épaules :

— Pourquoi pas ? répondit-il, vous ne seriez pas le premier clerc tonsuré qu’on aurait vu rue Amor de Dios, et je suis quasi sûr que notre commensal l’abbé n’y manquera pas. D’ailleurs, un futur missionnaire ne doit rien ignorer : vous verrez forcément dans l’extrême Orient des

  1. Chansons et Danses andalouses