Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui y régnait n’était interrompu que par l’égouttement sonore d’une fontaine établie dans un angle. Ébloui par la grande clarté de la rue, je ne distinguai d’abord que confusément les objets ; puis, une exclamation partie d’une sombre encoignure opposée à celle de la fontaine, me fit apercevoir Manuelita à demi masquée par les feuillages de quelques pots de myrtes et de lauriers-tins. Elle était occupée à emplir de roses et de renoncules des vases placés devant une sorte d’oratoire où se dressait une statuette de la Vierge, parée d’une robe de brocart bleu et argent. Elle se retourna vers moi et me montra sa figure ronde toute couronnée de cheveux blonds crêpelés, tandis que ses yeux s’éclairaient d’un sourire.

— Je vous croyais sortie, Manuelita, lui dis-je en passant.

— Non pas, ces messieurs ont emmené ma mère à la corrida, mais j’ai mieux aimé me passer des taureaux que d’être mangée par ce grand soleil, et je suis restée pour garder la maison.

— Vous avez eu raison, la chaleur est accablante.