Page:Theuriet - Bigarreau, 1886.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étaient grands mon dédain et mon inexpérience des détails de la vie pratique. D’ailleurs, la señora Gutierrez avait une réputation d’honnêteté bien établie, et j’avais été guidé dans mon choix par la tranquillité de la maison et la modicité de la pension. Pour trois pesetas par jour, j’occupais une vaste pièce au premier étage et j’avais mon couvert aux trois repas qui composaient l’ordinaire de la famille. Mes commensaux étaient un jeune abbé, celui précisément qui m’avait recommandé la casa de la veuve, un médecin, un étudiant comme moi et un vieil officier en retraite.

Dans les premiers temps de mon installation, je ne voyais guère mes hôtesses et les autres pensionnaires qu’à table. J’étais complètement absorbé par mes nouvelles études, et, quand j’avais un moment de liberté, je le consacrais à de pieuses stations à la cathédrale. Que d’heures d’extase d’une suavité indicible j’ai passées à cette époque, agenouillé sur les degrés de la chapelle du baptistère, en face du Saint-Antoine de Padoue de Murillo ! Une ombre pacifiante tombait autour de moi des lointaines hauteurs de la nef et m’enveloppait dans une nuit de recueil-