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séder des connaissances historiques et scientifiques plus étendues que celles qu’on pouvait me donner au séminaire. Je cédai à cette diabolique suggestion et j’obtins de mon père, ainsi que de l’évêché, l’autorisation de quitter provisoirement Ecija pour suivre les cours de l’université de Séville.

J’avais vingt et un ans sonnés, et plein de cette aveugle confiance que donne la jeunesse, je me lançai dans les études profanes et la vie laïque, sans croire un moment que mon âme pût être mise en péril par des tentations dont je n’avais même pas idée. J’allai me loger, non loin de l’université, calle Dados, dans une casa de pupilos (maison de pensionnaires) qui m’avait été recommandée par un prêtre et qui était tenue par une veuve, nommée Josefa Gutierrez. Cette veuve, brodeuse de son métier, avait un petit magasin où elle travaillait toute la journée avec sa fille, Manuelita, qui courait sur ses dix-huit ans, et deux ouvrières qui n’étaient guère plus âgées. Vous me direz que, pour un homme détaché des choses d’ici-bas et voué aux contemplations mystiques, j’avais singulièrement choisi mon logis ; mais cela prouve justement combien