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efforciez de me mettre en garde contre cette piété exagérée.

— Oui, interrompit l’abbé Palacios, je te rappelais le mot du Français Pascal : « Qui veut faire l’ange fait la bête ; » j’ajoutais qu’en s’élevant trop au-dessus de cette terre où l’on est condamné à vivre, on s’expose à des chutes piteuses…

— J’aurais dû vous écouter, mais j’étais dans l’âge où la présomption nous enivre comme un vin pur et je me croyais appelé à recommencer les édifiantes et miraculeuses prouesses des saints dont je lisais la vie. Je rentrai au séminaire, je reçus les ordres mineurs et c’est alors qu’insensiblement je devins la proie du péché qui perdit les anges eux-mêmes, du péché d’orgueil. L’exercice du sacerdoce dans les conditions ordinaires, c’est-à-dire dans un bourg ou une petite ville de ma province natale, me parut indigne de mon mérite. J’ambitionnai une carrière plus active et plus féconde, et je fus pris du désir d’aller comme missionnaire propager la foi parmi les populations de l’extrême Orient. L’esprit du mal m’insinua en même temps que, pour être à la hauteur de cette mission, je devais pos-