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hétéroclites demoiselles, ne fût pas éloignée de croire, elle aussi, à l’existence des fées. Mais elle était elle-même, à mes yeux, la plus adorable et la plus gentille fée qu’on pût rêver. Dans le sombre et singulier décor de cette haute salle à peine éclairée, sa blanche petite personne apparaissait argentée et vaporeuse comme un rayon de lune. On eût dit que ses pieds chaussés de brodequins bordés de cygne touchaient à peine le sol, et je m’étonnais de ne pas lui voir des ailes aux épaules. Ses fins cheveux d’or pâle, moutonnant et crépelant sur son cou, mettaient une auréole blonde autour de son clair visage, où deux grands yeux luisaient sous un front volontaire, où un sourire à la fois indulgent et dédaigneux retroussait les coins de ses lèvres rouges. Elle se tenait près de moi comme pour me protéger et paraissait amusée et touchée de mon timide embarras.

— Avance un peu ici qu’on te voie, me dit la cadette des demoiselles du Kœler, en rajustant ses bésicles.