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damment de la large cheminée où flambait un feu de souches, la salle était encore chauffée par un massif poêle de faïence qu’on entendait ronfler doucement dans une encoignure. Ce luxe de chauffage, très insolite chez nous, me donna l’idée que j’étais transporté dans un pays étranger et, ce qui compléta cette illusion, ce fut d’entendre la langue gutturale et inconnue dont se servaient pour converser entre elles, les trois personnes qui se mouvaient autour de la lampe.

La plus âgée, assise dans un fauteuil de tapisserie, devant une table à ouvrage où elle était occupée à dévider de gros pelotons de laine bise, avait un embonpoint florissant, un menton massif, des joues couleur de pomme d’api, un front carré sous un bonnet de linge à grands tuyaux d’où sortaient deux étroits bandeaux de cheveux gris. La seconde, lui faisant face, haute, élancée, les yeux voilés par des lunettes aux branches d’argent, tête nue et coiffée d’une