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fermenter mon imagination. Les contes de sorciers et de revenants que me débitait Céline me trottaient dans la tête.

J’étais pris d’une crainte vague, en longeant les logis hermétiquement clos et en voyant au-dessus des toits monter la silhouette renfrognée de l’église Saint-Étienne. Ce fut bien pis quand nous nous engageâmes dans une ruelle uniquement bordée par des murs de jardin, d’où surgissaient des branches, pareilles à des bras tendus pour nous agripper au passage. La ruelle était tortueuse, pleine d’alarmantes encoignures où je croyais voir des spectres remuer dans l’ombre.

— Céline, murmurais-je épeuré, n’arriverons-nous pas bientôt ?

— Patience donc, petit, répliquait-elle, agacée, nous serons rendus dans un quart d’heure.

Elle m’entraînait d’une main plus nerveuse et je finissais par me méfier de Céline elle-même. Je me pensais tout bas qu’elle parlait trop bien des fées et des nécromanciens pour n’avoir pas eu