si tard, cette marche à travers l’obscurité me plaisait médiocrement. Je serrais en frissonnant la main de ma bonne et lui demandais d’une voix peu assurée :
— Chez qui allons-nous, Céline ?
— Je te l’ai déjà dit : chez des amis qui demeurent dans un château.
La perspective de ce château flattait ma vanité, car j’étais un petit snob sans le savoir, et agréait à mon amour pour les choses étranges ou merveilleuses. Il se passait en moi un double phénomène : ce qu’il y avait d’aventureux dans notre expédition piquait ma curiosité, mais en même temps la marche dans le noir et le mystère des réponses de Céline inquiétaient mon âme peureuse. Je m’aperçus bientôt que nous gravissions une rampe assez raide et je compris que nous nous acheminions vers la ville haute. Or, dans mon idée, ce quartier solitaire où l’herbe poussait entre les pavés et où de vieilles gens habitaient d’antiques maisons maussades m’avait tou-