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et nous occupions nos loisirs du mieux que nous pouvions. J’avais installé sur la table, non loin du poêle, un petit théâtre en cartonnage et, prenant, l’une après l’autre, les marionnettes accrochées à un fil de fer, je me jouais à moi-même de très émouvantes comédies. Quant à ma bonne, bien que ce fût jour férié, sans souci des défenses de l’Église, elle avait posé sur deux dossiers de chaises une planche capitonnée de flanelle et, très affairée, elle repassait des chemises et des collerettes.

Céline devait avoir vingt-quatre ou vingt-cinq ans. Elle était bien prise dans sa petite taille, très vive, le nez au vent, la bouche rieuse, les yeux très caressants, d’un bleu de pervenche. Je la trouvais fort jolie avec ses cheveux châtains aux bandeaux bouffants et son bonnet de linge posé très en arrière sur un épais chignon. Encore qu’elle eût la main leste et qu’elle me bourrât parfois, je l’avais en affection parce que sa mémoire était abondamment approvisionnée d’histoires de fées