— Ce serait trop long à te raconter… Sauve-toi, on va sans doute m’appeler…
Je restai seul dans notre salle, éclairée uniquement par la lueur que jetait le poêle. Ce ne fut pas moi qu’on appela, mais Céline. Je n’étais séparé du cabinet de travail que par une simple porte de communication ; mais j’avais beau tendre l’oreille, les voix des interlocuteurs ne m’arrivaient qu’à l’état de bourdonnements confus. L’anxiété me rongeait et je me sentais affreusement mal à l’aise. Je demeurais les yeux fixés sur la porte, m’attendant à chaque minute à être confronté avec Céline. Rien ne bougeait. Au bout d’un cruel quart d’heure, ma bonne sortit du bureau. « Voici mon tour ! » pensais-je. — Mais non : Céline rentra peu après et j’entendis tout à coup le bruit d’un bouchon qui sautait et des verres qu’on emplissait. Mon père et celui de Frida buvaient tout bonnement de la bière et paraissaient d’humeur hilare, car leurs rires tintaient à travers la cloison. Cette gaieté