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souffrirai pour l’amour de Frida… » Je songeais au coin du rideau soulevé, et cette marque de tendresse donnée par ma petite amie me remettait du courage au cœur. Je me persuadais qu’il était chevaleresque de se trouver persécuté pour une si belle cause, et je me promettais de subir héroïquement ma punition. Néanmoins, tout en me préparant au martyre, je conservais au fond de moi l’espoir que mon père ne serait pas rentré et que M. du Kœler s’en retournerait bredouille.

Nous avions traversé la place de la Couronne, déjà assombrie par le hâtif crépuscule de décembre. Notre maison étant située au commencement de la rue du Coq, il ne nous restait plus qu’à franchir le pont du canal pour arriver à destination.

« Ah ! pensais-je en écoutant l’eau clapoter mélancoliquement à la base des maisons, si seulement une fée charitable pouvait avoir égaré papa en forêt ! »