Page:Theuriet – Frida.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Complètement médusé par l’expression impérieuse des yeux bleus et durs de ce personnage, je restai immobile, une sueur froide aux tempes, et contemplai stupidement mon interlocuteur. Il était de taille moyenne, robuste, la bouche enfouie sous une rude moustache blonde et le menton orné d’une barbiche de même ton. Son front carré, ses mâchoires massives et son teint rose offraient quelque analogie avec la physionomie de la grand’tante Odile. Son allure décidée, son ton de commandement, lui donnaient la mine d’un ancien militaire. Il s’avança, saisit mon bras comme dans une pince, et, braquant sur moi son regard glacial, il me demanda avec un accent alsacien :

— C’est toi qui t’appelles Raoul ?…

Je bredouillai un « oui » à peine distinct, et il continua :

— Que viens-tu chercher ici ?

En même temps, il agitait sa canne de jonc d’une façon peu rassurante. Ce geste acheva de